Montpellier, quartier des Beaux Arts. partie 2/2
MONTPELLIER, QUARTIER DES BEAUX ARTS
La place des Beaux-Arts, comme un village méditerranéen dans la ville.
Une identité forte, un caractère bien trempé et l'héritage des anciens abattoirs encore présent... C'est la place des Beaux-Arts à Montpellier.
Soyons clairs : la place des Beaux-Arts n’est pas forcément la plus belle de la ville. Elle n’est pas non plus une destination touristique : ici, pas de monument ni de statue à découvrir. Non, la place des Beaux-Arts est un peu comme ces femmes sauvages : pas vraiment une beauté plastique mais du caractère ! Et aussi, quel charme !
C’est sans doute l’unique quartier de Montpellier qui peut prétendre au statut de “village dans la ville”. Tous les ingrédients sont réunis pour donner à cette enclave urbaine des allures de village méditerranéen. Des figures, des gueules, une âme, un marché, un bordel organisé, des terrasses, une fontaine, un côté indomptable.
Le maire Philippe Saurel, dont c’est le fief, en parle en connaisseur. "C’est un quartier résistant", dit-il. Faisant ainsi référence aux batailles menées par le passé par ses habitants contre le pouvoir central d’alors (la mairie de Georges Frêche).
La création des abattoirs en 1851
Pour saisir l’âme de ce lieu, il faut d’abord en comprendre l’histoire. Son parcours. "La place est née avec la création des abattoirs, en 1851", raconte Marie-Christine Gaignard, institutrice et membre de l’association de quartier Beaux- Arts - Pierre-Rouge, qui travaille depuis des années sur le sujet.
"C’était un champ que l’on appelait le clos des Mascle (des mâles, NDLR)." Déjà cette notion de virilité que l’on retrouvera avec le temps. Surtout dans les périodes où les abattoirs fonctionnaient à plein régime, jusqu’à leur démolition en 1985.
"Il y avait, d’un côté, des chevillards, les riches, qui allaient au café des Marchands (aujourd’hui Art café) et, de l’autre, des garçons bouchers qui allaient Chez Henri (aujourd’hui le bar des Super vedettes). Il y avait une sorte d’opposition bon enfant", se souvient Alain Balsan, le pizzaïolo. "On peut dire qu’il y a toujours eu, ici, un mélange de tout. C’est une place populaire, faite de bric et de broc", ajoute Tony Chavard, président de l’association du quartier.
Une destination bobo
Aujourd’hui, beaucoup voient dans cette place une destination bobo. "C’est vrai qu’il y a une tendance depuis quelques années, depuis l’ouverture de l’Art café. Mais bon, faut pas non plus trop généraliser. Ici, il y a de tout", insiste encore ce dernier.
Doit-on y voir aussi les effets des changements de noms ? Parler du quartier ou de la place des Abattoirs (comme le font encore certains anciens), était-ce devenu péjoratif ?
La substitution du terme Beaux-Arts a-t-elle donné à ce morceau de terre clapassienne des allures de Quartier latin ? Il y a sans doute un peu des deux. Mais la force de cet endroit est d’avoir su, peut-être inconsciemment, garder la même empreinte à travers le temps.
C’est la force de l’identité.